Définition du rite

Rite à l'OFU

Un rite maçonnique est un ensemble cohérent de rituels et de pratiques définissant un cérémonial maçonnique.

Apparus avec les loges spéculatives, les « rites », du latin Ritus, ont été mis en place afin d’uniformiser et d’harmoniser les pratiques en loge maçonniquen 1. Il s’agit donc de la définition de l’ensemble des usages et de l’ordre dans lesquels ceux-ci doivent être exécutés au cours des diverses tenues et cérémonies. Inspirés par les traditions antiques ou opératives et par la Bible, les rites prescrivent les gestes, le langage, les déplacements et les attitudes. Toutefois, malgré un idéal similaire, les francs-maçons effectuent leurs travaux de manière plurielle. Et ce, dès la moitié du xviiie siècle, notamment avec la querelle des Anciens et des Moderns au sein de la Grande Loge unie d’Angleterre. Depuis, chaque siècle a vu apparaître des dizaines de rites. Une loge, ou un « atelier », pratique un seul et même rite alors qu’une obédience maçonnique peut en observer plusieurs.

Par son caractère initiatique et sa relative complexité, le rite ou le régimen 2 constitue un des principaux secrets maçonniques. Les rites sont en fait composés de symboles, mots, gestes et signes qui permettent, en rythmant la vie s’y déroulant, une identité propre à la loge. Par essence, chaque rite est imprégné d’une personnalité propre, mettant en lumière ses forces mais aussi ses faiblesses. S’il apparaît impossible de recenser l’ensemble des rites un jour pratiqués, les auteursn 3 et historiens admettent communément l’existence d’une cinquantaine de rites relativement distincts. Néanmoins, seule une demi-dizaine est majoritairement pratiquée.

Du Rite aux Symboles

le chemin est long et qu’il est infini, tel Sisyphe, nous taillons notre Pierre sans fin, il faut le faire à son rythme sinon nous nous rapprocherions d’Icare.

Cette Société dite « discrète » me fait penser au Mythe Prométhéen de Platon, cette légende qui n’est pas si éloignée des valeurs que prône notre Ordre. Que nous dit cette légende :

Prométhée OFU - TD
Le Suplice de Promethée Nicolas-Sébastien ADAM Musée du LOUVRES

Le Roi de dieux Zeus et le Titan Prométhée (« celui qui pense avant »), des entrailles de la Terre, fabriquèrent, avec de l’argile et du feu, les animaux qui peuplent notre terre. Zeus demanda à Prométhée et son frère Épiméthée (« celui qui pense après ») d’attribuer une qualité (le courage par exemple) , une protection (la fourrure), à chaque animal. Arrivé à l’homme, ils avaient tout dépensé. Donc Prométhée le façonna différemment. N’ayant pas le feu, l’homme mangeait cru, se vêtait de fourrure pour se protéger du froid. Cet être primitif, manipulable, sans pouvoir était sous l’emprise des dieux. Prométhée était mécontent, il décida de voler discrètement sur le mont Olympe le feu et de l’apporter aux Hommes. Grâce au Feu, l’homme va se différencier des animaux et s’affranchir des Dieux.

Lux Ferre OFU
La Statue de Lucifer du F Guillaume Geefs initié au R.E.A.A. au G.O.B. Lucifer est enchaîné pied Gauche et tient la couronne de la vertu dans sa main gauche. Cathédrale Saint-Paul de la ville de Liège

Analogie à ce mythe dans la bible est aussi le porteur de Lumière (Lux Ferre – Lucifer) à ne pas confondre avec « l’Adversaire » ou « l’Accusateur » qui est Satan. Il ne faut pas oublier qu’au début on disait du Christ : « Christus verus Lucifer », signifiant : « Christ véritable porteur de lumière ».

Au cours des siècles, la religion, les religions ont servi plus  « un idéal politique » de contrôle des masses, tuant les anciens dieux, passant du polythéisme au monothéisme. Construisant les Églises sur des Temples païens pour effacer toute trace… Me revient en mémoire la chanson  « l’an mil » de Michel Sardou, et les paroles percutantes de Pierre Barret.

La lumière et le feu étaient associés dans les enseignements du Mazdéisme, de Zourastre. Dans ces religions dualistes, dont une chère à mon cœur, les cathares (les purifiés). Ils croyaient en un dieu mauvais, qui régis notre monde matériel, le Rex Mundi (le roi du monde). Cette religion avait pour livre Sacré l’évangile de Saint Jean…

Dans le langage courant, il est dit dit qu’il y a un Bon Dieu, cela voudrait dire qu’il y en a un mauvais ? 

La Symbolique des Couleurs a aussi une importance comme le Rouge et le Vert.

La Couleur verte est celle du Christ, elle est la couleur du troisième œil de Lucifer, le Graal. Elle va devenir celle des Papes qui portaient une Émeraude à leur doigt. Le Vert symbole de la connaissance des choses cachées…

Le Vert va devenir par analogie à Lucifer, la couleur de Satan et va nous donner le Père Vert (pervers), le Diable VauVert, et cette couleur va rester jusqu’à la fin du Moyen-Âge, début Renaissance.

L’église dit que le diable habite les enfers, il y a des flammes, les flammes sont rouges et le rouge va devenir sa couleur. Paradoxe, car cette couleur est celle de Dieu le Père. Rappelez-vous des Buissons Ardents, les Colonnes de Feu, Les Flammes de Feu (Pentecôte). D’ailleurs dans l’Ancien Testament les Prêtres étaient habillés en Pourpres.

Le Christianisme va, pour imposer son dogme, éliminer les religions infidèles.  Elle va donc considérer le feu, ce symbole ou plutôt ce diabole comme celui du malin. Associer les flammes à l’enfer.

N’oublions pas que l’« Immaculée Conception » date uniquement que de 1854

Le feu et la lumière, en matière de symbolique, sont relativement proches, la lumière s’apparente à la parole, au verbe, à la connaissance, d’ailleurs dans le prologue de Saint-Jean on nous dit :

Qu’au commencement, était le verbe et le verbe était dieux et la vie était la Lumière des Hommes.

DIDEROT OFU
Denis Diderot

Nous sommes tous à la recherche du bonheur, d’un idéal, de trouver un sens à notre vie et pour cela nous empruntons différents chemins. Je pense que chacun de nous est à la recherche du

divin, du soi, enfermé dans notre labyrinthe intérieur à la recherche de son Graal. Certains iront trouver des réponses dans des religions dites « Fabriquées ».

La lecture en loge d’une lettre d’un profane m’a fait réfléchir. Il avait fait le chemin vers une religion et finalement, il pensait s’être trompé de chemin. Et il était désireux de frapper à la porte du temple pour continuer sa quête du soi. Il y a toujours un mélange entre le Sacré et les dogmes religieux. Il ne faut pas confondre la Foi et la Raison comme le disait Diderot dans « Addition aux Pensées Philosophiques » :

« Égaré dans une forêt immense pendant la nuit, je n’ai qu’une petite lumière pour me conduire. Survient un inconnu qui me dit : Mon ami, souffle ta bougie pour mieux trouver ton chemin. Cet inconnu est un théologien.  » Il n’est pas d’autre lumière que celle de la raison :  » si je renonce à ma raison, je n’ai plus de guide ».

Platon OFU
Caverne de Platon

La Foi, cette Croyance peut servir à asservir l’homme par la peur et l’ignorance. Platon, avec « l’allégorie de la caverne », et Umberto Eco, avec « le nom de la Rose », l’ont très bien résumé.

La perception, du Sacré, du Divin peut être autre que religieuse. De nombreux Chemins existent pour arriver à la recherche du soi. La franc-maçonnerie est une de ces spiritualités, elle est un peu comme une auberge espagnole, chacun apporte ce qu’il veut y trouver.

Ses bases Fraternelles et humanistes placent l’humain au centre. Elle n’impose aucun dogme, doctrine et œuvre pour l’égalité de tous, pour le perfectionnement de soi, et ne fait aucune distinction de race, de religion, de culture, de rang social.

Elle est fondée sur un des principes inscrits sur le temple d’Apollon à Delphes : « Connais-toi toi-même, laisse le monde aux dieux. », ou selon Socrate « tu connaîtras l’univers et les dieux ».

Casanova avait une vision assez similaire :

« Le secret de la Maçonnerie est inviolable par sa propre nature, puisque le Maçon qui le sait ne le sait que pour l’avoir deviné. Il l’a découvert à force d’aller à la loge. D’observer, de raisonner et de déduire ».

Ces citations résument bien le travail du Maçon spéculatif, il faut puiser au fond de soi et à force de tailler sa pierre brute, degré après degré en loge, nous allons nous perfectionner, nous arracher de nos ténèbres, devenir libre et atteindre la lumière.

« VITRIOL ! Bien Sûr ! »

L’outil, l’instrument principal de cette réussite est le Rite et son langage : le Symbole.

Ragon OFU
Jean-Marie Ragon

L’expression « je ne sais ni lire ni écrire » prend tout son sens. Un enfant qui apprend à lire et à écrire on lui apprend à épeler, et à se familiariser avec les formes et les lettres.

Sans la compréhension du Rite et de ses Symboles, pas de progression. Ignorer ce langage, pas de clés pour ouvrir les portes des degrés suivants.

Un Rite Maçonnique c’est un mélange de codes, de règles importantes, d’actions symboliques qui permettent de mener à bien les différentes cérémonies dans nos différents degrés.

Les Rites Maçonniques sont nombreux, 52, selon RAGON, historien Maçonnique du XIXe Siècle. Ils ont des spécificités propres, des cérémonies différentes.

Le plus rependu et le plus pratiqué est Notre Rite, Le Rite Écossais Ancien et Accepté et nos loges sont appelées « Loges de Saint-Jean ».

Nous célébrons, les 2 Saint-Jean, « l’Évangéliste » au solstice d’hiver et le Baptiste au Solstice d’été avec les célèbres feux. Ces deux cérémonies sont régies par des tenues rituelles spécifiques. N’oublions pas que nous travaillons avec le volume de la loi sacrée ouverte à la première page de l’Évangile de Saint Jean.

Et si tous les chemins mènent au Vatican (merci Alain de Lille), pour nous, Maçon et malgré tous ces Rites différents, le but est le même, le perfectionnement de l’humain.

Chaque initiation permet d’acquérir un degré de conscience et permet d’approfondir ses connaissances, de rassembler ce qui épars…

Et nous pouvons dire :  « Que tous les Chemins même au GADL’U ».

Dans les religions gnostiques, dont certaines sont considérées comme des sectes lucifériennes, Saint Pierre représente « l’Église extérieure » alors que Saint-Jean symbolise « l’Église intérieure ».

Le rite est une tradition et transmission orale, et « le Rituel s’applique à la codification par écrit de celui-ci. Les deux mots « rite » et « rituel » sont issus du latin ritus pour le premier et de rituales libri (livres traitant des rites) pour le second. Les mots rite et rituel sont souvent employés à tort l’un pour l’autre. »

Mais le texte figé sur le papier n’est rien, il se doit d’être vécu. La gestuelle est importante, les sons des maillets par exemple, l’exactitude des décors, la position des plateaux, la manipulation des outils au degré de compagnon par exemple.

Le chef d’orchestre, le premier maillet, est aussi très important, il va insuffler aussi le rythme au cérémonial. Sans cet ensemble, impossible d’atteindre l’harmonie, l’Égrégore et d’approcher du doigt la lumière.

Cette Transmission initiatique, ce rituel est notre héritage légué par les Francs-Maçons qui nous ont précédés, il ne faut pas trop le modifier sinon il perdrait tout sens symbolique, toute sa quintessence.

Rappelez-vous de Nicée il aurait été dit : « Un Texte ne doit bouger d’un Iota sinon le sens sera perdu ».

Un Frère lors d’une de nos tenues, avait dit : « C’est 302 que Constantin tua le Christianisme »

Mais sans certaines transgressions et évolutions des mœurs, la mixité n’existerait pas en franc-maçonnerie (article 3 des Constitutions d’Anderson).

Je trouve intéressant, que certains Vénérable essayent de revenir aux anciens rituels, de les collationner et de faire ressortir notre parole perdue, mais est-ce la bonne ?

Boudet OFUJe me rappelle d’un ouvrage farfelu sur l’affaire de Rennes-le-Château de l’abbé BOUDET : « La vraie langue celtique et le Cromleck de Rennes-les-Bains ».

Cet érudit maîtrisant parfaitement le grec, le latin, le Saxon et l’anglais, il était d’ailleurs professeur de la langue de Shakespeare avant d’être ordonné prêtre. Au-delà de nous faire croire qu’il y a un Cromleck à Rennes-les-Bains, pour lui la vraie langue celtique était l’anglais moderne, par exemple Moïse viendrait de « to mow » (moissonner) et « to ease » délivrer : « Mow-Ease ».

En y regardant de plus près, pas si farfelu que ça, il me fait penser à un livre initiatique, se servant de la langue des oiseaux.

Comme le Démon de l’Église Rennes-le-Château qui se nomme A.S.M.D nous savons que Tubalcain n’est pas loin.

La nourriture « Spirituelle » du Franc-Maçon est donc le symbole qui se trouve partout inscrit dans notre rituel. Tout est symbole, ils sont universels, nous les trouvons partout, dans les contes des Frères Grimm et les dessins animés qui en découlent comme Blanche-Neige, dans des comptines (Cadet Roussel a 3 maisons) ou plus symboliquement inscrits dans les pierres de nos cathédrales.

Les vitraux de nos églises étaient d’ailleurs les journaux, les bandes dessinées de l’époque, il ne faut pas les décrypter avec nos yeux contemporains. Ces symboles permettaient l’instruction et l’information des foules qui ne savaient ni lire ni écrire à l’époque pour la plupart…

Rappelons ce que « Jacques De Molay » a dit à la Sainte Inquisition « je ne sais ni lire ni écrire » afin de marquer son désaccord à l’utilisation du Latin qui était la seule langue écrite et réservée au prêtre au Moyen Âge…

Beaucoup des symboles maçonniques opératifs sont comme on pourrait dire empruntés (donc n’appartiennent pas à la maçonnerie spéculative) à différentes cultures, religions, corporations.

Les Symboles les plus répandus sont hébraïques, on les retrouve dans les mots sacrés, avec les objets comme les chandeliers, dans les mots de passe comme celui du Compagnon, avec les Acclamations et surtout la présence du Temple de Salomon avec ses colonnes Jakin et Boaz, la chaire du roi Salomon, la Kabbale

Balsamo comte de Phénix
Balsamo

Les Francs-Maçons sont des fois appelés les « Enfants de la Veuve », nous avons le « tronc de la veuve ». Une des seules veuves qui a rassemblé le corps de son mari qui était épars fut ISIS. Mais ce symbole de la « Veuve » pourrait être tout aussi hébraïque, un célèbre architecte fut le fils d’une veuve.

L’œil d’Osiris ainsi que le Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm, cher à Cagliostro nous rappelle également l’Égypte.

La célébration des Solstices nous vient des Enfants de Mithra, et notre cérémonie d’initiation est proche de ce culte, en effet le récipiendaire va de l’obscurité à la lumière, et meurt symboliquement pour renaître à une vie nouvelle.

Les différentes couleurs des marches de certains tapis de loges du 2e degré, et les constellations de la voute étoilée proviennent de la Chaldée (« Les Voyages de Pythagore »).

L’instruction des disciples du Mazdéisme se faisait « De midi à minuit, ainsi parlait Zarathoustra ». Triangle, Carré long, les symboles géométriques nous proviennent de la Grèce Antique avec des penseurs comme Thalès de Milet, Platon.

Les Pythagoriciens avaient comme signe de ralliement et de reconnaissance, le guide du compagnon. Le gnôthi seauton, la connaissance du soi et la première des connaissances, connaitre, c’est naître avec… Nous vient de de Socrate. Et le principe de la recherche de la perfection est l’héritage de Platon.

Et si tout ceci était l’héritage du Temple d’Hermopolis ?

Dans de nombreuses loges, notamment, mon atelier nous avons la Bible ouverte au prologue de l’Évangile selon Saint Jean. Certains titres de Hauts Grades (Grand Maître, Grand Juge, Grand Inquisiteur, Prévost et Juge, Grand Élu des neuf) sont vraisemblablement d’origine templière.

Apprenti, compagnon, Maître, Maillet, ciseau, équerre, compas, levier, niveau, tablier, gants, loges nous les devons à la maçonnerie Opérative. La Lune, le Soleil, certains éléments des cabinets de réflexion sont des symboles alchimiques.

En 1948, un nouveau symbole a vu le jour, le myosotis qui veut dire en langage des fleurs « Ne m’oubliez pas ». Ce Symbole a été choisi pour que nous nous rappelions les persécutions et les morts que la Franc-Maçonnerie a subis pendant la période nazie.

Il ne nous faudra pas confondre le « Diabole » et « Saintbole », l’un éparpille et l’autre rassemble ce qui est épars et de ses interprétations et en mettant une partie de nous, nous construirons le, notre temple de l’univers.

« Prométhée, en volant la Lumière divine pour nous l’offrir, il a donné un sens à notre vie, notre émancipation, notre liberté de conscience et la maîtrise de notre destinée. »

T.D.