Dans l’onglet Franc-Maçonnerie vous trouverez un nouveau sujet traitant de l’Antimaçonnisme de 1717 à nos jours. Actuellement le XVIIe et XVIIIe sont postés. Le XIX et le XXe vont suivre. Ce travail est une continuité de mes recherches sur le sujet que je trouve passionnant et trouve sa suite logique de travaux antérieurs que sont Lux Ferre et L’Espérance de Prométhée et il est complémentaire du travail d’un frère de La Pierre Levée : La Résistance maçonnique en Limousin.
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Voici les 2 premiers siècles, la suite sera dans la semaine à venir dans sa rubrique, Antimaçonnisme de 1717 à nos jours.
Avant propos

Dans le livre de Ghislaine Ottenheimer, « les Frères Invisibles » voilà ce qui est dit :
Depuis plus de quinze ans, les scandales se succèdent. Avec le temps, au fil des dossiers, un point commun revient avec insistance : l’implication de francs-maçons. Comme si les réseaux maçonniques et leur culte du secret offraient aux amateurs de trafics discrets une coquille idéale pour abriter leurs intrigues.
Bien sûr, beaucoup d’initiés sont sincères. Ils sont d’ailleurs les premiers à s’inquiéter des dérives les plus sérieuses.
Au terme de deux années d’enquête et grâce aux révélations de hauts responsables révoltés par ce qu’ils ont vu, Ghislaine Ottenheimer et Renaud Lecadre décortiquent les codes et les coutumes de cette société ” philosophique ” et lèvent un coin de voile sur l’un des secrets les mieux gardés de la société française : l’existence de pouvoirs invisibles, souvent au-dessus des lois.
On nous parle toujours de pouvoir, de magouille d’argent et l’on retombe dans le contexte du tous pourris… C’est un sujet essentiel pour savoir où l’on va, il est intéressant de savoir d’où on vient.
La Franc-Maçonnerie est un énorme « mille-feuille » qui fait son identité et son histoire et elle est, et, elle sera sans fin. Il nous faut apprendre de notre histoire afin de nous améliorer.
Il n’est pas évident de raconter et de résumer 4 siècles de notre histoire, entre mythe et réalité…
En réalisant ce travail, je comprends mieux le livre de « Dan Brown, Anges et Démons », l’église contre la Franc-Maçonnerie ou plutôt les illuminés de Bavière, les Illuminatis, mais finalement qui sont les Anges et les Démons ?
L’Antimaçonnisme a toujours existé depuis que la Franc-Maçonnerie est la Franc-Maçonnerie en 1717, date de sa fondation dite officielle.
Le XVIIIème, là où tout a commencé

1723, les constitutions écrites, apparaissent. Deux Pasteurs Protestant en sont à l’origine :
- Jean-Théophile Desaguliers, physicien, ami de Newton. Sa famille a quitté la France pour l’Angleterre suite à la révocation de l’édit de Nantes, persécutée pour sa foi protestante. Il opte pour la religion anglicane.
- James Anderson est un presbytérien de l’Église calviniste d’Écosse. Son père était verrier et franc-maçon de la loge écossaise d’Aberdeen.
Au même moment, nous pouvons lire dans la presse que les Francs-Maçons sont des Ivrognes et des Gloutons…
Beaucoup des réunions se passaient proches du public dans des Tavernes, rappelez-vous du texte de l’Auvergnat de Pierre Dac. Et comme les Femmes sont exclues, on les soupçonne même d’être Homosexuels…
1730, sort « Masonry Dissected (La maçonnerie disséquée) » de Samuel Pritchard qui reprend l’intégralité des rituels des 3 premiers degrés.
1735, condamnation de la Franc-Maçonnerie par les états généraux de Hollande, suivent de nombreux gouvernements, entraînant persécution et emprisonnement.
1738, le 20 Avril, le Pape Clément XII formule l’Encyclique « In Eminenti Apostulus Specula » qui excommunie la Franc-Maçonnerie. Ceci va être le point de départ d’assassinat, de harcèlement, de calomnies qui perdure trois siècles plus tard… L’église met en avant l’hérésie pour combattre la Franc-Maçonnerie, il est dit dans la condamnation papale :
« La Franc-Maçonnerie est une Société Secrète dans laquelle sont admises indifféremment des personnes de toute religion et de toute secte, des gens véhémentement suspects d’hérésie”.
Les raisons de cette attaque pontificale sont nombreuses. Anderson et Desaguliers, ne font en loge aucune distinction de religion, de classe, de politique, même certains Franc-Maçons vont être en désaccord contre cette dérive déiste, reprochant la déchristianisation des Anciens Devoirs (Old Charges) de la Maçonnerie opérative, dont les Constitutions s’inspirent.
Rome s’inquiète de cette société, où se mêle dans la tolérance, occultistes, protestants, athées. L’hérésie vient du fait que tout homme ne se soumette pas aux dogmes de l’Eglise Catholique et de croire en une religion qui unit ses membres, libres de toute opinion. Chose surprenante, un des premiers Grands Maîtres était catholique dans cette Angleterre antipapiste. Et Paradoxe les Constitutions ne sont pas mises à l’index…
Un autre motif est lié au Synode de Rouen (1189) qui interdisait les « Gildes et les Associations de Métiers » et le Concile d’Avignon en 1326 qui interdit l’usage d’une écriture secrète, de langage hermétique pour que des membres se reconnaissance entre eux.

Cette hypothèse ne tient pas la route car 18 ans plus tôt les rituels avaient été publiés publiquement dans Masonry Dissected (La maçonnerie disséquée)
Un motif politique semble plus probable. En effet les 2 Cardinaux vont se servir de la Franc Maçonnerie dans la lutte au Pouvoir des Maisons de Hanovre et de Stuart pour la Couronne d’Angleterre. Jacques III Stuart (le chevalier de Saint-George), réfugié à Rome, demande au cardinal Corsini, son ami, d’incriminer la franc-maçonnerie qui soutient la maison de Hanovre.
1744, plusieurs publications révèlent les signes de reconnaissance et il est mis en avant que la Franc-Maçonnerie soit une société philanthrope et philadelphe.
1747, Gabriel Préau publie le livre hostile à la Franc-Maçonnerie : « Les francs-maçons écrasés », qui veux démontrer que cette société secrète est là pour exterminer les rois et toutes les puissances au pouvoir. La théorie du complot est née.

1751, le 19 Mai, Le Pape Benoît XIV confirme la Bulle par l’encyclique « Providas Romanorum Pontificum » et il ajoute :
« La réunion d’hommes de toutes religions et de toute réunion qui constitue, à l’évidence, un danger pour la pureté de la religion catholique »
Le pacte est de plus en plus d’actualité et il est opposé avec le sacrement catholique de la confession et l’opinion publique pense que le but de la Franc-Maçonnerie est de détruire l’église.
La littérature antimaçonnique est en pleine expansion. La Franc-Maçonnerie riposte faiblement par souci de discrétion, ce silence va être perçu comme un aveu de culpabilité.
1771, pour le Père Collet, être Franc-Maçon est un crime comme le concubinage, la sodomie ou l’usure.
Les dates qui suivent, montrent le paradoxe que dans les grandes instances catholiques, la Franc-Maçonnerie est condamnée alors que des membres de certains ateliers sont des ecclésiastiques…
1774, l’Université de Louvain condamne la franc-maçonnerie, suivie par de nombreux gouvernements. Or la franc-maçonnerie ne fait que proclamer son droit à la tolérance et son indépendance à l’égard du pouvoir de l’Église catholique.
1778, Voltaire est initié à la loge de 9 Sœurs, son parrain est l’abbé Edmond Cordier de Saint-Firmin qui est 1 des 12 prêtres appartenant à cet atelier.
1785, le 5 avril, une dizaine de Bernardins de l’abbaye de Clairvaux demandent à l’atelier l’Union de la Solidarité à l’Orient de de Troyes, une aide pour obtenir les constitutions pour la création de la Loge La Vertu.
1787, au mois de Janvier, Création des Amis Francs-Comtois à Jussey à l’initiative du Frère Gaume, Procureur Général de la Congrégation des Augustins.
Beaucoup de Loges Française ont initié de nombreux religieux comme La Réunion des Étrangers à l’Orient de Paris, La Noble Amitié et La Fidèle Union à l’Orient de Morlaix et L’Heureuse Rencontre à l’Orient de Brest par exemple.1787, au mois de Janvier, Création des Amis Francs-Comtois à Jussey à l’initiative du Frère Gaume, Procureur Général de la Congrégation des Augustins
Beaucoup de Loges Française ont initié de nombreux religieux comme La Réunion des Étrangers à l’Orient de Paris, La Noble Amitié et La Fidèle Union à l’Orient de Morlaix et L’Heureuse Rencontre à l’Orient de Brest par exemple.
Edmé Béguillet dira et résuma la pensée philosophique dans un des livres :
Le culte du Grand Architecte de l’Univers, la connaissance des merveilles qu’il a opérées et le bonheur de l’humanité par la pratique des vertus
Cet Antimaçonnisme est aussi l’œuvre de la Maçonnerie, notamment de ses dérives. En effet dans cette fin du XVIIIème Siècle, époque des Lumières d’illuminisme, d’ésotérisme à outrance certains Francs-Maçons vont tendre vers l’occultisme, la kabbale, le mysticisme, la théosophie, le mesmérisme, l’astrologie, la numérologie. Ce côté irréel va prendre forme surtout dans les Hauts Grades.
Le fondateur du rite de la Stricte Observance (Von Hud) valide même l’existence de supérieurs inconnus, légende toujours active de nos jours. Divers Hauts Grades vont naître et prospérer comme les Philatèthes, le « Chapitre des Rose-Croix », « Coëns élus », Balsamo (Cagliotro) va même s’autoproclamer Grand Cophte et fonde un rite Égyptien aux 99 degrés. Tous ces mouvances vont définir la maçonnerie comme une société initiatique.
Et toute cette prolifération de ces Hauts Grades aux décors rutilant vont faire naitre en Allemagne, les Illuminés de Bavière et amener un côté politique, souhaitant « la destruction de la monarchie, l’abolition de la religion et l’anéantissement de la propriété » inventant une maçonnerie irrégulière, antimaçonnique.


Le Jésuite contre-révolutionnaire, Barruel va s’engouffrer dans la brèche que Adam Weishaupt, (fondateur des les Illuminés de Bavière) a ouverte et sort une œuvre antimaçonnique en 5 volumes sur près de 1979 pages :
« Mémoires pour servir à l’histoire du Jacobinisme »
Barruel estime que la franc-maçonnerie est responsable de la chute de la religion et de la monarchie et lutte contre les encyclopédistes et les élites intellectuelles.
1789, les biens de l’église vont être confisqué sous les ordres de Mirabeau, de nombreux Francs-Maçons Catholique vont rejoindre les bancs des contre-révolutionnaires. Certains prêtres désertent les loges…

L’aristocratie, le clergé est persuadé que le responsable de tout leurs maux est l’œuvre de la Franc-Maçonnerie, les Actions publiques de Louis-Philippe d’Orléans cousin du roi de France et Grand Maître du Grand Orient de France ne vont rien arranger.
C’est ainsi la naissance de mythe de complot Maçonnique, beaucoup pensent qu’elle a joué un rôle sur le renversement des pouvoirs établis. L’instigatrice de la Révolution Française, il ne faut oublier bon nombre de nos Frères qui ont été guillotinés et la fermeture de nombreux Ateliers…. Continuité du combat idéologique entre libres penseurs et les ultramontains.
La littérature antimaçonnique et les condamnations papales vont se succéder.
Le XIXème Siècle, entre Lucifer, la Foi et la Raison
Nouveau Siècle, nouveau thème antimaçonnisme, le Luciférisme où nous allons avoir l’opposition de la Foi et de la Raison…. A partir de 1831, l’Eglise va influencer les climats de guerre civile comme en Italie. Un jeune pays va apparaître la Belgique.

1830, Révolution Belge et Création du de ce nouvel état, Le Clergé tente de s’imposer dans les rouages de ce Pays auquel de nombreux Franc-Maçon participe à la rédaction de la constitution dont Léopold 1er. Une Guerre de Pouvoir va commencer.
1832, 15 Aout, Grégoire XVI, dans l’encyclique « Mirari Vos », renouvelle les condamnations contre le rationalisme, le gallicanisme, l’indifférentisme religieux. La Franc-Maçonnerie est sous-entendue mais pas citée.
« C’est de la source infecte de l’indifférentisme qu’est née la folie de la liberté de conscience. »
1834, L’atelier Les Amis Philanthropes crée l’Université libre de Bruxelles, Berceau de Liberté, l’Eglise Belge est bien entendu contre car elle veut contrôler l’enseignement.
1837, Une circulaire des évêchés rappelle les condamnations papales, elles sont dites dans les chaires de vérité, beaucoup de Franc-Maçons Belges catholiques démissionnent comme par exemple, Goswin de Stassart. Le premier Mouvement antimaçonnique belge est né.

1846, Pie IX avec l’encyclique « Qui Pluribus », perpétue les condamnations papales de ses prédécesseurs
Les sociétés secrètes sorties du fond des ténèbres pour ne faire régner partout, dans l’ordre sacré et profane, que les ravages de la mort.
Le pape va aller plus loin, il va condamner la liberté de conscience et des cultes, il va vouloir la direction exclusive des écoles et la formation de la jeunesse…
1865, il va publiquement dire (allocution consistoriale Multiplices inter) que la « franc-maçonnerie est cette société perverse d’hommes, vulgairement appelée maçonnique, qui, contenue d’abord dans les ténèbres et l’obscurité, a fini par se faire jour ensuite pour la ruine commune de la religion et de la société humaine. »

1867, Louis Gaston, le fils de la Comtesse Ségur écrit le Pamphlet « Les Francs-Maçons ». Il invente un nouveau mythe en annonçant que les Francs-Maçons pratiquent des Messes Noires et que dans certaine campagne qu’ils mangent des enfants le Vendredi Saint.
1869, Pie IX réitère ces condamnations dans l’encyclique « Apostalicae Sedis »
1870, Rome est annexée au royaume d’Italie et deviens la capitale de l’état unifié, il ne reste qu’au pape le Vatican et ses dépendances… Un courant anticlérical apparaît parmi les républicains suivis par la Franc-Maçonnerie. La papauté étant devenue spoliatrice du pouvoir temporel, la franc-maçonnerie devient l’ennemie de la papauté. Le règne de Pie IX connaît ainsi quatre encycliques contre la franc-maçonnerie.
1877, Le G.O. Français supprime l’affirmation de croyance en Dieu et en l’immortalité de l’âme, la Grande Loge Unie d’Angleterre coupe les ponts avec l’obédience.

1878, le 3 Mars, Intronisation de du Pape Léon XIII. Ce nouveau souverain Pontife et Léo Taxil vont être 2 Personnages qui vont être le symbole Antimaçonnique….
1879, La Loge Les Amis bienfaisants défend le principe de dissolution des congrégations.
1880, Les Ateliers sont accusés de pratiques sataniques, de conspiration contre l’ordre social, de profanation du Saint-Sacrement, les Francs-Maçons poignarderaient des hosties lors des tenues.
Pendant ce temps le pape Léon XIII établit à Rome l’Archiconfrérie du Scapulaire de Saint-Michel, il place l’association sous le patronage du Sacré-Cœur et de Marie Immaculée.
Le But de l’Archiconfrérie est de prier Saint-Michel contre les ombres sataniques qui recouvrent la terre.
Pour y arriver nous trouvons l’extirpation des hérésies, des erreurs ou des mauvaises doctrines, la cessation des blasphèmes et des scandales.
L’anéantissement des sociétés secrètes, de leurs projets infernaux, des effets et des conséquences de tous leurs actes.
La conversion de tous leurs membres et celle de tous les pécheurs.
Le pape Léon XIII accorde aux membres de cette confrérie de nombreuses indulgences
1884, L’article 135 des règlements généraux qui choisit d’invoquer le Grand Architecte de l’Univers est abrogé par le G.O. de Belgique, 5 ans après suit le G.O. Français entraînant la rupture totale avec la Grande Loge Unie d’Angleterre… Une Guerre Fratricide apparaît et certaines loges vont se mettre en sommeil.
Le Pape Léon XII promulgue la bulle Humanum Genus qui représente la Franc-Maçonnerie comme :
une organisation criminelle pernicieuse pour les intérêts du christianisme et de la société civile.
Le catholicisme s’est toujours prétendu être l’unique dépositaire de la Vérité absolue.
Pour le Pape, le royaume des enfers et du diable siège dans les loges…

Le Pape Léon XIII et Léo Taxil.
Ces 2 personnages vont marquer et surtout accélérer le phénomène d’Antimaçonnisme comme jamais
A Marseille, dans un milieu Bourgeois Catholique, le 21 mars 1854 né Marie Joseph Gabriel Antoine Jogand-Pagès. Pendant son adolescence, il se révolte et devient anticlérical, à 17 ans sous le Pseudonyme de Léo Taxil, Il est journaliste et fonde le Journal satirique La Marotte. Celui-ci disparait rapidement victime de son ton acerbe et reparaît sous un autre titre « Le sans-culotte » suivi par « Le Bouffon » …
Expert dans l’art de la diffamation pour des outrages à la religion conduise Taxil à différents procès. En 1876, il devient directeur du Journal « La Fronde ». Poursuivant ses diffamations, le satirique va totaliser 13 procès en quelques semaines, pour ceux-ci il obtient 18 années de prison. Il quitte la France pour Genève.
La Chambre vote, en 1878, l’amnistie en faveur de tous les condamnés pour délits de presse. Taxil retourne à Paris et fonde l’hebdomadaire L’Anticlérical et publie à 130 000 exemplaires la brochure « À bas la calotte », il édite aussi des pamphlets : Les Maîtresses du Pape, Le Fils. Une mouvance va apparaître Le Luciférisme.
Taxil et l’ancien docteur médecin de la marine et du commerce, Charles Hacks, prennent le pseudonyme de « Docteur Bataille » pour publier « Le Diable au XIXème Siècle ». Cela marque le départ de la littérature satanique sur la Franc-Maçonnerie.
Moment extrêmement bien choisi, entre troubles politiques, Léon XIII qui fait publier l’encyclique « Humanum Genus » qui indique que la Franc- Maçonnerie qui est inspirée par Satan.
Dans l’ouvrage « Le Diable au XIXème Siècle », le docteur Bataille nous conte cette histoire : lors d’une réunion chez le frère Sandeman, mage élu, ce dernier avait prononcé plusieurs fois le nom de l’Antéchrist, Apollonius Zabah, et avait invoqué Moloch. La table bondit au plafond, retomba sur le parquet et se métamorphosa en crocodile ailé, le crocodile se dirigea vers le piano et se mit à jouer !
Les révélations du Docteur Bataille sont considérées comme un acte de foi chrétienne pour l’époque, en effet, comment ne pas y croire, puisqu’il était dit que le révérend père Jean Del aurait vu Satan en personne, et que l’abbé Vianney, curé d’Ars, avait des démêlés quotidiens avec lui.
Taxil n’a fait que voguer sur la vague de cette époque en amplifiant et déformant une part de la vérité, en effet la littérature et l’art du XIXème Siècle est fasciné par tout ce qui touche à l’occultisme et le diable. De plus, s’opposer à ces révélations, revient à défendre la Franc-Maçonnerie et être un mauvais catholique.

Taxil ne s’arrête pas là, il introduit le diable cette fois ci dans les loges maçonniques. Il s’inspire pour cette supercherie d’un rite de Haut Grade, « Le Nouveau et Réformé Palladium » qui devient l’Ordre Palladico-Diabolique et qui est sous la Grande Maîtrise de Diana Vaughan, personnage inventé qui est une vierge satanique, dirigeant la Franc-Maçonnerie de par le monde.
Il va ainsi horrifier les lecteurs sur des dérives inventées. Il ne s’arrête pas là, dans un autre roman, il nous parle d’une autre femme fictive, Sophie Walder qui va enfanter l’antéchrist grâce au diable (le Mythe de Rosemary’s baby).
La belle, intelligente, puissante et diabolique Sophie est l’ennemie jurée de Diana. Cette dernière va demander protection à Léo Taxil qui va la cacher dans un couvent. Dans le roman « Les Mémoires de Diana Vaughan » on apprend que Diana s’est convertie au catholicisme et décide de réparer le mal qu’elle a engendré. Cet ouvrage sera envoyé au pape et recevra la bénédiction papale, novembre 1895.
Le 11 Juillet 1896, le Cardinal Vincenzo Sarloti, demande à Diana Vaughan de continuer à démasquer la Franc-Maçonnerie, « la secte infâme ». Au congrès antimaçonnique de Trente, elle est déclarée « Synagogue de Satan ».
La Franc-Maçonnerie fait des démentis, mais rien n’y fait, Léo Taxil a réussi à jouer avec la crédulité humaine, avec son imagination débordante, et avec lui, né le mythe de la Franc-Maçonnerie Luciférienne, expliquant que les loges sont des lieux de rencontre avec Satan, mêlant orgies, tout en étant couvert par son ennemie du passée, le Vatican.
En 1897, Taxil annonce que Diana Vaughan va faire son apparition publique, le 19 Avril dans la salle de la Société de Géographie. Stupeur, au moment de la soi-disant apparition, Taxil se présente sur scène, entame un long discours qui dévoile sa mystification. Ce discours sera publié le 25 Avril 1897 dans le journal « Le Frondeur ».
Ces 12 années de mystification ont réussi à exister grâce au contexte au climat culturel, intellectuel, et la faveur d’une droite nationaliste et catholique sous le couvert de la papauté. Le Journal « La Lanterne », le lendemain de cette annonce a titré :
Si Taxil avait su attendre, Diana Vaughan aurait été canonisée.
Nouveau Siècle, nouvelle problématique, la Franc-maçonnerie va être considérée comme une Mafia d’arriviste, d’affairiste, corruptrice de la morale, antipatriotique et antireligieuse, cela va marquer la naissance d’une mystification aussi forte que celle de Léo Taxil : Le Protocole des Sages de Sion.
OFU – OLIM GLEFU